Parrot Anafi Ai – Le test
Si au cours des années 2010 Parrot s’est fait connaître dans le domaine du drone grand public avec les modèles comme l’AR Drone ou le Bebop, le constructeur français se consacre aujourd’hui à 100% au marché professionnel. Annoncé en été 2021 et disponible depuis janvier de cette année, le Parrot Anafi Ai est une confirmation de ce repositionnement stratégique. Ce drone compact au design singulier est pensé pour les professionnels grâce à un ensemble de fonctionnalités le distinguant de bon nombre de ses concurrents.
Anafi Ai, pourquoi ce nom ?
Tous les éléments de ce drone sont nouveaux chez Parrot. Les seules choses qu’il partage avec les autres Anafi (Anafi, Anafi USA, Anafi thermal, etc…) sont sa forme inspirée d’insecte, sa compacité, son format pliable et sa caméra orientable du zénith au nadir (+90° à -90°).
Et Ai dans tout ça ?
Ai pour « Intelligence Artificielle ». Ce drone a été pensé par ses créateurs comme un robot autonome. Le kit de développement SDK permet aux entreprises de créer des applications ou encore des fonctionnalités en vol propres à leur activité.
Unboxing
Le drone est livré dans une valise de transport avec une batterie intelligente, une radiocommande, chargeurs et câbles USB.
La première chose notable : le design de l’ensemble qui détonne dans un monde où l'originalité fait souvent place à l’austérité. En effet, l’Anafi Ai s’inspire de la nature avec une forme de mante religieuse. Libre à chacun de se faire son avis sur cette esthétique qui ne laissera personne indifférent.
Le matériau composant le carénage du drone et sa radiocommande semble très qualitatif. Le plastique blanc et brillant inspire la robustesse. La partie caméra en alliage métallique semble elle aussi qualitative. Elle est protégée dans la valise par un support de nacelle afin de l'immobiliser pendant le transport.
Ce drone est un poids plume dans le monde du drone professionnel. Avec des dimensions de 304x130x118 mm plié et 320x440x118 mm en ordre de vol, il affiche seulement 898 g sur la balance avec la batterie.
Certifié IPX3 - résistant à la pluie - l'aéronef peut être utilisé en toutes circonstances. De plus, le mode handlauch permet de décoller depuis votre main, pratique lorsque le sol n’est pas régulier.
Skycontroller 4
La radiocommande fait aussi peau neuve avec un gros lot de nouveautés. Sa forme est entièrement repensée pour une ergonomie améliorée. Une tablette (non-fournie) peut s’insérer entre les 2 poignées à la manière d’une console de jeu portable. Si ce choix s’avère judicieux pour la prise en main, seuls les smartphones et tablettes jusqu’à 8 pouces sont compatibles. Un iPad mini est fortement recommandé, d’autant que l’application de vol n’est à ce jour disponible que sur iOS.
Son autonomie est de 2h30, équivalent à 4 vols. Elle se recharge en USB-C en 1h40. Sa portée théorique est de 4 km en norme CE sur les fréquences 2.4 – 5 GHz. Si la qualité du signal était parfois décriée sur les précédents modèles de la marque, Parrot à cette fois-ci une parade : la 4G. Cela permet au télépilote une portée illimitée même en environnement urbain ou hors vue, à condition que la zone de vol soit couverte par le réseau et que le drone soit équipé d’une carte SIM (non-fournie).
Autre atout de cette nouvelle radiocommande : l’indice IP5X. Elle est donc résistante à la poussière.
Dernier point notable : un port micro-HDMI fait son apparition. Le flux vidéo peut être diffusé sur un téléviseur ou un autre système en 1080p.
Batterie
La batterie 3S intelligente permet de voler jusqu’à 32 minutes grâce à sa capacité de 6800mAh. Elle se recharge en USB-C en 150 minutes. Grâce à un mode hivernage, elle peut se décharger elle-même au bout de 10 jours d’inactivité jusqu’à 60%. Elle peut aussi servir de batterie externe pour un smartphone sur le terrain par exemple.
Législation
De par son poids – 898 g – et ses caractéristiques l’Anafi Ai est utilisable dans les scénarios suivants :
Catégorie ouverte
- En sous-catégorie A3 (hors des zones résidentielles, industrielles, etc…),
- En sous-catégorie A2 limitée (à 50m des personnes).
Catégorie spécifique
- En scénario S1 (hors agglomération),
- En scénario S3 (en agglomération).
Il est également équipé en interne d’un dispositif de signalement électronique conforme avec la législation française.
Pour les scénarios européens qui entreront en vigueur entre 2023 et 2025, si le drone semble remplir les conditions de la classe C1, il faudra (encore) s’armer de patience pour savoir si et comment ce drone pourra recevoir un marquage de classe CE.
La communication 4G entre la radiocommande et le drone via le réseau téléphonique n’est à ce jour possible que dans de rares cas. Il vous sera en effet nécessaire de demander une autorisation auprès de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques) et ce uniquement dans le cadre d’expérimentations. Des travaux sont en cours afin de permettre l’utilisation de drones professionnels sur les réseaux mobiles dans les prochains mois (années ?).
Capteur
Point commun à toute la gamme Anafi, la caméra peut s’orienter du zénith au nadir, pour la prise de vue en contre plongée. Aucun drone compact de marque concurrente n’est aujourd’hui capable d’une telle prouesse.
Première chez Parrot : la caméra équipant l’Anafi Ai est stabilisée mécaniquement sur 3 axes. Les vidéos gagnent ainsi en stabilité par rapport à ces prédécesseurs qui embarquent une caméra stabilisée sur 2 axes uniquement.
Le Parrot Anafi Ai embarque un capteur CMOS 1/2 pouce et 48 mégapixels. Ses photosites (capteurs sensibles à la lumière) ne mesurent que 0,8 micromètres, les plus petits du marché.
Ce capteur est doté de la technologie Quad Bayer qui – sans rentrer dans le détail – permet 2 choses :
Enregistrer des clichés en 48MP quand les conditions lumineuses sont correctes (soleil, exposition constante),
Ou enregistrer des clichés en 12MP quand les conditions lumineuses sont moins bonnes (hiver, soir, matin) en multipliant artificiellement la surface des photosites par 4pour éviter l’apparition de bruit numérique.
Si ce capteur est bien connu dans le monde du drone avec les DJI Mavic Air 2 et Mavic Advanced notamment, l’optique est différente et entièrement optimisée pour l’Anafi Ai.
Les photos peuvent être enregistrées en DNG ou JPEG, en mode Wide (HFOV = 73.2°) ou Rectilinear (64.6°) grâce à l’algorithme de stabilisation EIS.
Côté vidéo, il est possible de filmer jusqu’en 4K UHD 30fps avec encodage H.264 ou H.265.
Un mode HDR est également présent dans les modes photos et vidéo permettant d’augmenter la plage dynamique des prises de vue.
Les 48MP du capteur rendent possible le zoom numérique jusqu’à 6x en mode vidéo et en mode photo.
Les clichés et vidéos sont enregistrés sur une carte micro-SD (non-fournie).
Capteurs d’obstacles
Autre grosse nouveauté chez Parrot : les capteurs d’obstacles. Si leur nombre (2) peut paraître léger au premier abord, leur fonctionnement inédit couvre bon nombre de situations. En effet les 2 capteurs visuels s’orientent automatiquement en fonction de l’évolution du drone.
Ces 2 caméras monochromes permettent une reconstitution 3D de l’environnement grâce à la stéréoscopie. Ils fonctionnent jusqu’à 30 mètres du drone. Attention cependant car de petits obstacles peuvent passer à travers les mailles du filet : une vitre, un fil électrique, etc… En tous cas cette aide est la bienvenue dans le cadre d’inspections par exemple.
Application de vol
Si le drone peut être utilisé avec bon nombre d’applications tierces, FreeFlight 7 est la nouvelle application développée par Parrot dédiée au contrôle et la planification de vol. Pour les habitués de la marque au perroquet, la prise en main reste très semblable aux précédentes versions. L’application est simple et en français. Elle est à ce jour disponible sur iOS et en développement sur Android.
Il est également possible d’utiliser de nombreuses autres applications des partenaires Parrot :
Pix4D : application pour la modélisation 3D. Il est même possible de se connecter à son compte directement depuis FreeFlight pour l’envoi des photos à Pix4Dcloud.
Skyward : outil de planification de vol.
DroneSense : plateforme de management pour la sécurité.
UgCS : application de planification de vols. Etc…
Test en vol
La mise en place du drone est simple et rapide : il suffit de déplier les 4 bras, brancher la tablette à la radiocommande et d’allumer l’ensemble. Cela ne prend que quelques secondes, l’avantage d’un drone si compact.
Le télépilote peut régler les paramètres de vol et de sécurité en quelques clics.
Le décollage est automatique grâce à bouton prévu à cet effet. Le drone est stable et résiste bien aux bourrasques malgré sa petite taille. Des Presets paramétrables par le télépilotes permettent de choisir entre mode lent ou mode rapide.
Le retour vidéo en 1080p 30 fps est fluide même en n’utilisant que la tablette (en Wifi, sans la radiocommande). Nos tests en scénario S1 (maximum 200m) n’ont jamais mis à défaut la qualité du signal. Sous le retour caméra, une fenêtre peut afficher au choix la carte ou les obstacles.
Côté plan de vol, FreeFlight propose 5 modes : Flight Plan, Caméraman, Véhicule, Touch & Fly et Photogrammétrie.
Le mode FlightPlan permet de paramétrer le vol du drone point par point. Ce mode est très intéressant pour l’inspection de structures complexes.
Le mode Cameraman sert au suivi de cible détectée automatiquement grâce à IA ou manuellement.
Le mode Vehicule, permet de suivre - comme son nom l’indique - un véhicule en mouvement grâce à la position GPS du contrôleur.
Grâce à Tap&Fly, le télépilote pourra d’un simple clic sur la tablette, définir la direction du drone.
Le mode Photogrammétrie reprend les mêmes caractéristiques que Pix4Dcapture. Il permet de planifier une mission d’acquisition dans le but de reconstituer un jumeau numérique.
Le mode simple permet une acquisition de photos au nadir sur une surface polygonale, idéal pour la création d’orthophotos.
Le mode Double permet de prendre des photos avec un double passage et avec de l’angle pour la caméra, parfait pour la topographie.
Le mode Orbit est pensé pour la modélisation ou l’inspection d’édifices.
Et dernier mode inédit : Auto. Ce mode détecte automatiquement les bâtiments sur le fond de carte permettant d’automatiser le vol en 2 étapes : un vol au-dessus du bâtiment, et un passage autour pour la modélisation des murs. C’est la simplicité et l’efficacité de ce mode qui nous a le plus impressionné.
Dans tous ces modes il est possible de paramétrer le recouvrement, la hauteur de vol, la vitesse. Une option permet aussi d’envoyer les photos sur Pix4Dcloud directement depuis le drone en vol.
Le GSD (taille du pixel au sol) est de 0.46cm à 30m avec 48MP. Il est de 0.92cm à 30m avec 12MP. Si sur le papier il semble tentant de privilégier les 48MP, ce n’est pas toujours le cas. En effet, lors de nos tests, en janvier 2022, la faible luminosité hivernale montre des résultats proches entre photos de 48MP et 12MP.
Photos prises à la même hauteur (30m) en 48MP et 12MP.
Ici la photo 48MP (à gauche) affiche un résultat plus « laiteux » que la photo de 12MP (à droite).
Dans cette zone, les détails (cailloux, herbes) sont mieux restitués en mode 48MP (à gauche).
Sur la camionnette sombre, la photo 48MP (à gauche) est très bruitée. Les détails sur le sol clair sont plus détaillés sur la photo 48MP.
Bilan
Avec le Parrot Anafi Ai, Parrot semble vouloir montrer à ses utilisateurs que leur voix compte et c’est appréciable. Ce drone conserve les atouts que proposaient les modèles précédents comme la compacité, la caméra orientable en contre-plongée ou encore la sécurisation des données, tout en proposant des nouveautés très attendues. Les modes de vol, la sortie HDMI de la radiocommande, la résistance à la pluie et les capteurs d’obstacles permettent aux professionnels de voler en toutes circonstances et en sécurité.
Côté capteur, les 48MP sont très utiles pour l’inspection ou la photogrammétrie. Cependant, il faudra que la lumière soit au rendez-vous sous peine d’enregistrer des photos bruitées. Heureusement, le mode 12MP gomme ce problème au détriment de la résolution.
Pour ce qui est de l’application, sa simplicité et ses modes de vols inédits nous ont agréablement surpris.
Seul bémol selon nous : la 4G. Si effectivement avec cette technologie la portée est illimitée, il faudra attendre que les autorités compétentes proposent un cadre réglementaire simple.
Les +
Mode photogrammétrie Auto
Capteurs d’obstacles
Résistance à la pluie
Caméra 48MP intéressante dans des conditions lumineuses optimales
SDK ouvert aux développeurs
Les –
4G inutilisable sans autorisation
Les limites du capteur sont vite atteintes en conditions réelles
Prix